Il y a un peu plus d'un an, j'ai eu l'opportunité de faire une année de volontariat international. Le poste était basé dans un collège d'Hanoi. Rodolphe m'aurait évidemment accompagnée et aurait fait des articles et reportages sur la zone. J'ai beaucoup hésité, mais nous avions déjà le voyage en tête et comme il n'était pas possible de cumuler les deux, j'ai fini par refuser. Si j'avais accepté, nous aurions quitté Hanoi il y a 2-3 semaines. Et après avoir passé une dizaine de jours ici, je crois pouvoir dire que ça m'aurait énormément plu de vivre ici pendant un an. Car oui, nous aimons beaucoup Hanoi. Beaucoup.
Nous ne savions qu'attendre du Vietnam et d'Hanoi. Le pays est très développé par rapport à tout ce que nous avons vu jusqu'à présent, très touristique aussi. On pensait également que les grandes villes vietnamiennes allaient faire mal à notre budget. Enfin, beaucoup de voyageurs rencontrés nous avaient dit avoir moyennement apprécié les vietnamiens jugés froids, arrogants, très orientés business, arnaqueurs. (Désolée Loan, c'est eux qui le disent, pas nous!) Plusieurs nous avaient conseillé, puisque nous étions un peu pris par le temps, de favoriser le Laos et le Cambodge. Nous avions donc décidé de nous limiter à Hanoi et la Baie d'Halong pour ce premier passage au Vietnam. Sachant que ça prend 4 jours gros max dans un tour organisé, ça nous aura donc pris deux semaines. Mais deux très belles semaines!
Une fois n'est pas coutume, je me propose de vous raconter notre première journée à Hanoi, qui est somme toute assez représentative de notre « vie » ici. Arrivée à l'aéroport à 8h30 (OK, j'avoue, ça ce n'est pas du tout représentatif, mais disons...), on prend un minibus pour le centre-ville. Pas de rabatteurs, quelques taxis qui offrent leurs services mais n'insistent pas, le chauffeur du minibus qui nous demande le prix attendu, sans essayer de grappiller quelques dongs de plus. Bon, c'est vrai que les gens ont l'air plutôt sérieux : ça ne sourit pas beaucoup. On nous ignore même carrément et on en serait presque vexés : comment ça, ça n'intéresse personne de savoir comment on s'appelle et d'où on vient??? Ça fait 6 mois (6 mois!!!) qu'on se prend pour la Reine d'Angleterre, alors forcément, ça fait un choc de passer totalement inaperçu.
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Rodolphe croit avoir trouve le moyen de ne pas passer inapercu |
L'hôtel qu'on avait repéré, situé dans une petite rue tranquille près du lac et pas trop loin du Vieux Quartier, est plein. Mais le réceptionniste fait des pieds et des mains pour nous trouver quelque chose et une demi-heure plus tard, on est dans une chambre superbe avec lit king, 2 salons (au cas où on veuille prendre l'apéro chacun dans son salon), une petite terrasse, la clim, une TV et même une baignoire (la dernière qu'on a vue, c'était chez Thérèse il y a 6 mois). Le luxe absolu pour $25.
Une fois la question de l'hôtel réglée vient celle du café. Dans cette grande région de thé, les vietnamiens sont accros au café. Il y a des petits troquets partout, souvent avec des tables rondes et des chaises tressées posées sur le trottoir, à l'ombre des arbres, comme en France.
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Petit troquet |
Près des portes, le numéro de rue est indiqué sur les petites plaques bleues, comme en France. Le café par contre n'est pas du tout comme en France. Du mazout. Du goudron. Un liquide super épais et dense que l'on pose sur un mini lit de lait concentré sucré qui parvient à peine à l'éclaircir un peu.
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Cafe-goudronvietnamiem |
Cette chose est faite pour les hypersomniaques mais ne devrait pas être en vente libre. Rodolphe adore et s'en tape au moins 3 par jour; c'est du suicide.
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Quand je vous dis qu'il adore... |
Après le café, on se balade dans notre quartier et dans la vieille ville. En courant, forcément, effet café oblige. On aime les vieilles maisons, les ruelles, les arbres partout, les petits cafés, les marché, les échoppes de bouffe, les marchandes de beignets ou d'ananas qui portent leur marchandise dans deux grands paniers suspendus, les cages à oiseaux suspendues un peu partout, les noms de rue en alphabet romain qui nous permettent enfin de nous repérer, le temps gris et frais.
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Petits oiseaux |
On aime moins les beignets des marchandes (un véritable attrape-couillons, cette chose!), les motos-scooters qui font la loi et beaucoup de bruit.
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Rue tranquille |
Premier repas et voilà, c'est fait, on est fou de la bouffe vietnamienne, et un Bun Cha plus tard (nouilles de riz et morceaux de porc BBQ que l'on trempe dans un bouillon, agrémenté de menthe, coriandre, basilique vietnamien, salade), on est devenus des estomacs sur pattes.
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Ca c'est un Bahn Cuon (je crois) et c'est presque aussi bon qu'un Bun Cha |
Repus et heureux, c'est l'heure de la sieste. En Birmanie, la chaleur écrasante entre 11h et 16h rendait la sieste presque obligatoire. Mais on ne la faisait jamais parce qu'on était rarement prêts à partir avant 10h. Ici, pas besoin de venir se mettre au frais. Mais j'imagine que ça va avec le rythme que nous inspire Hanoi, on fait une sieste presque chaque jour. Car malgré le bruit et le flot incessant des motos, l'activité commerciale non-stop (c'est vrai que les Vietnamiens sont de sacrés commerçants et super bosseurs apparemment), on trouve une certaine langueur, une quiétude qui nous inspirent la sieste. Et puis de toute façon, une sieste n'a jamais besoin de justification, si??
Re-balade en fin d'après midi et premiers contacts avec des agences de voyage – car notre mission à Hanoi, outre de faire une étude approfondie de la gastronomie vietnamienne, est de préparer notre petit tour dans la Baie d'Halong.
Ce qui fut fait! Avec succès.
On nous a dit que la Baie d'Halong reçoit 50,000 visiteurs par jour. (cin-quan-te millllllllle! répète sans cesse Rodolphe depuis qu'il a entendu ce chiffre). Ce qui fait pas loin de 20 millions par an. Et quand on voit le nombre de bateaux au départ du port spécialement construit pour les touristes, on y croit. C'est énorme. (cin-quan-te millllllllle!).
Comme tout est super réglementé dans la Baie d'Halong, il n'y a pas vraiment d'autre option que d'aller y faire une croisière organisée. Ben oui, on a fait ça. Ça nous faisait un peu l'effet de faire un tour en calèche dans le Vieux Montréal.
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Notre bateau de croisiere |
Nous avions choisi une petite agence qui proposait de faire les choses autrement : trois jours et deux nuits, mais en évitant les coins les plus touristiques de la Baie d'Halong et en visitant également une baie adjacente (Bai Tu Long), un peu moins impressionnante, mais fréquentée uniquement par les pêcheurs et les ostréiculteurs. Et c'était parfait : petit groupe très sympa (coucou, Andréa et Sébastien, Isabelle, Amel, Paul et Baptiste, si vous lisez ce billet!), farniente sur le pont supérieur du bateau...
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Ledit pont superieur du bateau |
...visite d'une cave (les gros rochers en sont bourrés), balade en kayak dans une village flottant et une exploitation ostréicole, super bouffe.
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Au Vietnam, on rame avec les pieds... |
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Rodolphe n'a pas voulu essayer - no fun! |
« Et les paysages??? », vous dites-vous. Et bien c'est là que le bât blesse. Vendons le punch tout de suite, on a eu un temps de merde tout du long, avec tellement de brouillard par moments que le capitaine s'est échoué sur un banc de sable : on ne voyait pas à 20m. Alors forcément, c'était sans doute pas les meilleures conditions pour admirer la baie.
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La Baie d'Halong facon David Hamilton |
Qui reste, malgré tout, absolument magnifique et grandiose, et on ne regrette pas une seconde d'avoir fait cette croisière.
Après la croisière, histoire de se remettre de toute cette agitation, on a décidé de rester quelques jours sur une petite île dans Bai Tu Long. Il n'y a pas d'île habitée dans la Baie d'Halong, et il est interdit d'y passer la nuit en dehors des bateaux autorisés. Ngoc Vung, c'est notre île. Un mini port avec une centaine de maisons et 3 échoppes qui vendent des biscuits et du café; à 5 km du port, un village avec autant de maisons et un hôtel-resto en construction; entre les deux, des collines, de la mangrove et des rizières avec le buffle réglementaire; près du village, une plage de 2km, sable fin et coquillages, déserte.
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La riziere, le buffle, le chapeau pointu, tout y est! |
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La plage de Ngoc Vung |
On avait décidé de rester 5 jours, mais on est finalement rentrés après 2 jours. Disons que la météo n'était pas propice à la farniente sur le sable. Je ne me suis même pas baignée – peut-être un peu aussi à cause des énormes méduses (un bon 40 cm de diamètre) dont on ne savait pas trop si elles était inoffensives, urticantes ou carrément mortelles (je dramatise, peut-être?). Rodolphe, qui ne peut pas voir un bout d'océan sans aller se plonger dedans, a bravé le risque et les monstres gluants; quel homme! OK, je dramatise vraiment, car ils les mangent, ces méduses, au Vietnam, alors elles ne doivent pas être bien méchantes. On n'a pas réussi à goûter, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé. Le premier défi étant de savoir comment se dit méduse en vietnamien; à défaut, il faut savoir dessiner (on sait pas) ou mimer. Si vous êtes sages, je vous mimerai le crabe : j'en suis pas mal fière, tout le monde comprend.
Retour à Hanoi avant-hier, donc et c'est la fin de notre premier séjour au Vietnam. Nous quittons Hanoi dans quelques jours, direction le Laos.
Dans notre guide, il y a un court glossaire où apparaît le terme múan avec la définition suivante : « fun, which the Lao believe should be present in all activities ». D'emblée, ça me plaît, le Laos!
Bises à tous, en vous souhaitant beaucoup de múan.
Karine & Rodolphe
Savez-vous que parmi les nombreuses choses que je me promets de faire "quand j'aurai soixante-dix ans" (à nous la liberté !) il y a : vivre un bout de temps au Vietnam ? En voici un rappel fort sympathique.
RépondreSupprimerÀ nous de faire en sorte que les circonstances s'y prêtent encore dans quelques décennies ;o)
:o)
Bien sûr que nous vous suivons! ...depuis notre sympathique rencontre en baie d halong!
RépondreSupprimerNous avons repris le boulot et nous continuons à voyager grâce à vous
Bonne route
Paul isabelle Amel Baptiste