vendredi 28 février 2014

Bangkok (Thailande) - 28/02/2014


(Desolee, j'ai a nouveau perdu les accents, Rodolphe travaille sur son ordi...)

Rapide billet de Bangkok, essentiellement pour rassurer ceux et celles qui regarderaient trop la television et auraient entendu parler d'emeutes, de grenades et de morts... C'est vrai que ca bouge, ca chauffe parfois, et qu'il y a effectivement des derapages, mais c'est tres limite aux zones occupees par les manifestants. Le reste de la ville semble continuer a vivre normalement, a part les enormes bouchons qui immobilisent la circulation regulierement. Prudents, nous evitons les zones agitees et tout va bien. Pas d'inquietude donc.
Vue depuis la Chao Praya
Nous n'attendions rien de Bangkok. Nous etions venuns principalement pour des raisons administratives, a savoir faire nos demandes de visa pour Myanmar et le Vietnam, nos deux prochaines destinations. Et pourtant, on trippe comme des fous!


Je ne m'attendais pas a quelque chose d'aussi moderne, ni a cette omnipresence de l'eau.
Moderne et traditionnel

balade sur les canaux
Et bien sur, des temples partout, plus beaux les uns que les autres.

Wat Pho

Petit temple au bord d'un canal
Et puis, la bouffe - on ne se refait pas! La cuisine thaie, que ce soit au resto ou dans la rue, c'est fou.
Salades thaies (epicees!)

Bouffe de rue - absolument partout et tout le temps

Bref, apres 9 jours a sillonner Bangkok, et on se verrait bien passer des semaines ou des mois ici.

A noter cependant que Rodolphe avait tort: on ne trouve pas de tout a Bangkok. Entre autres, on ne trouve pas de revendeur/reparateur Kobo pour ma foutue liseuse qui vien de me lacher, apres 4 mois d'utilisation. Damned! Me voila donc revenue au bons vieux bouquins papier et, heureusement, Bangkok compte une excellente librairie de livres usages, en francais, s'il vous plait. (Mais je hais Kobo, qu'on se le dise!!)

Prochain billet de Birmanie: finies les vacances, on s'en va apres demain vers Mandalay.

Bises a tous
Karine et Rodolphe

PHOTOS!!!

J'ai mis en ligne les photos de Majuli Island et de l'Arunachal Pradesh. Juste a cliquer sur les liens.

Bonne balade!

lundi 17 février 2014

Tezpur (Inde) - 17/02/2014

Nous voici donc à Tezpur, en Assam, après 3 semaines en Arunachal Pradesh (AP pour les intimes), qui nous ont permis de visiter une toute petite partie de cet immense état aux frontières de la Chine/Tibet, du Myanmar et du Bhoutan. À vos atlas : Aalo, Mechuka, Ziro, Itanagar, Tawang et Zemithang. Et chaque fois, des heures, voire des jours de transport, d'autant que nous avons (encore!) été confrontés à une immobilisation partielle des transports suite à la fermeture de la frontière Assam/AP : ces deux-là ne s'entendent pas et il y a eu du vilain grabuge il y a 2-3 semaines. Séjour fatigant, donc et même si on ne regrette en rien d'avoir visité cet état oublié des touristes, on est un peu mitigés. Surtout et avant tout parce qu'on n'était pas là au bon moment : il faudrait voir les rizières de Ziro en août quand tout est vert, les montagnes de Tawang quand les arbres ont des feuilles et que le ciel est bleu.
Vue depuis l'hotel a Zemithang
Disons que c'était beau, mais qu'à certains, meilleurs, moments de l'année, ça doit être à couper le souffle.
La vallee pres d'Aalo
Plutôt que de faire un récit chronologique et géographique, voici plutôt quelques réflexions zé anecdotes qui vous donneront une petite idée de notre expérience arunachalienne  pradeshienne (rien que ça).

Mais où sommes nous? On a souvent l'impression en AP de ne pas être en Inde – et on n'est pas certain que ce soit une impression à partager avec les locaux, vu qu'ils se sentent déjà exclus et rejetés par le reste de l'Inde. As de saris à l'horizon, mais des jeans et même, à Itanagar (la capitale), des mini-jupes et talons-aiguilles.
Bon, parfois c'est un peu moins moderne...
Quant à la physionomie des gens, ils ont l'air chinois, mongoles, tibétains, parfois indiens et parfois un peu de tout mélangé.
Bouille indienne ou pas, ca rigole!
Ils parlent plus de 100 dialectes et la langue officielle est l'anglais, même si très peu le parlent. Ah elles sont loin les vaches blanches avec leur grosse bosse et leurs cornes peintes! Ici c'est le retour du Yak et l'apparition du Mithun.
Drole de bestiole, le mithun...
Glagla. Ça m'échappe : pourquoi, alors qu'on aurait pu passer une année sans hiver, pourquoi a-t-il fallu qu'on vienne se fourrer le nez, les pieds, les mains, bref tout ce qui gèle, dans le froid?? Car ça caille en AP. Et il y aurait bien, parfois, un chauffage ou un ballon d'eau chaude, électriques... alors qu'il n'y a que 4-5 heures d'électricité par jour, et uniquement la nuit. Alors on dort habillés et avec un bonnet, et malgré les 7 couches de vêtements que je porte, je répète au moins 50 fois par jour « La vache, qu'est-ce qu'il fait froid! ». Une stratégie pour que Rodolphe craque et me ramène au chaud. Sans succès. Pour saluer notre départ, on a même eu droit à une complète journée de neige, avec passage d'une passe à 4000m d'altitude (sans pneus d'hiver évidemment).
14h: sac de couchage, couette, bonnet et chocolat. Fait frette quand meme!
« The state of dust ». Ce n'est pas moi qui le dis : un jour où je buvais un thé dans une échoppe à Aalo, notre première destination, un type à qui je disais que nous venions d'arriver m'a dit : « Welcome to Arunachal Pradesh, the state of dust! ». Et effectivement, c'est de la folie. On a ressorti les masques de Katmandou. On disait à notre guide à Ziron que ça devait faire du bien quand il y avait enfin un peu de pluie pour nettoyer l'air, ce à quoi il a répondu : « Not really : it gets muddy and slippery. »

Routes. En AP, les routes sont défoncées et perpétuellement en travaux (comme le Québec, mais en pire), entretenues par la Border Roads Organisation (BRO). Beaucoup de femmes parmis les travailleurs de la route et il est fréquent de voir des femmes s'acharner sur une paroi rocheuse avec une barre à mine ou transformer un tas de cailloux en gravier à coups de marteau. Le tout avec, parfois, un rouge à lèvres pétant et/ou un bébé attaché dans le dos – certaines ont le congé maternité plus facile que d'autres.
La conduite est périlleuse et la route parsemée de panneaux incitant à la prudence. Mais comme les gens de BRO sont des poètes, ça donne des choses comme : « After whisky, driving risky », « Better late than late Mister », « If you want to stay married, divorce speed » ou (ma préférée, dans ce pays puritain) « Be gentle on my curves ».
Avec tout ça, on ne dépasse jamais le 20 km/h de moyenne, ce qui laisse pleinement le temps d'admirer les paysages incroyables que ces routes traversent : la rivière encaissée qu'on suit d'Aalo à Mechuka, la forêt humide perdue dans la brume en redescendant de Tawang à Tezpur.  Certains de nos plus beaux souvenirs visuels de l'AP auront comme cadre la portière d'un sumo.
Ce troncon-la, on l'a descendu a pied; le sumo l'a fait en derapant tout du long...

Les sumos. Ces grosses bagnoles aux allures de 4x4 sont notre moyen de transport en AP. On s'y entasse à 11 passagers (plus les enfants sur les genoux), les bagages sont empilés sur le toit. La musique (Bollywood only) est de rigueur, mais les rétroviseurs et les amortisseurs sont optionnels, les ceintures de sécurité inexistantes. Le pare-brise et la vitre arrière sont décorés de bandes autocollantes, si bien que seul le tiers central laisse voir au travers. Les chauffeurs un peu grands passent le voyage (entre 6 et 20 heures, un seul chauffeur) la tête baissée, ou passée par la fenêtre, qui reste grand ouverte en permanence, même quand il neige. Il doit certainement y avoir une explication logique et cohérente à tout ça... Si, si, sûrement...
Pour une idée de la musique  qu'on écoute, un échantillon (calme) ici - attention, ça colle aux dents...
Sumo a Sela Pass, en route vers Tawang (4000m)
Présence militaire. Après avoir « récupéré » le Tibet en 1959, la Chine a décidé en 1962 que ça serait pas mal d'étendre un peu ses frontières vers le sud et de s'est installée en AP. Après des tractations diplomatiques, la Chine s'est retirée et la guerre a été évitée. Suite à ça, l'Inde qui avait presque oublié cet état tout au nord s'est réveillée et a décidé de militariser la zone, pour bien montrer à la Chine qu'il ne faut pas exagérer non plus. Résultat : des militaires partout. Beaucoup. À Mechuka, 2500 habitants et autant de militaires, on prévoit 15000 militaires d'ici 4-5 ans. En attendant, on fait des randos dans la montagne au son des mitraillettes, en prenant soin d'éviter les zones de tir qui ne sont pas indiquées.
Le comble: delegation militaire dans un monastere bouddhiste
Sacrifice! Il y a 20 ans, le père de Mr. X, de l'ethnie des Gallos près d'Aalo, a tué un sanglier, à la chasse. Ce faisant il savait qu'il lui faudrait sans doute, un jour, payer pour cette âme : c'est comme ça quand on tue certains gros animaux de la forêt. De son vivant, rien. Mais récemment, la poisse et la maladie se sont abattues sur la maison où vit maintenant son fils. On a fait venir le prêtre Donyi Polo (la religion des Gallos) et après avoir consulté le foie d'un poulet zigouillé pour l'occasion, il a été formel : le sanglier demandait réparation, il fallait faire Peka. Le prêtre a en outre indiqué le détail des animaux qui devraient être sacrifiés – sachant que chaque animal doit être mis à mort d'une façon précise. Voici donc ce que Mr. X a trucidé alors que nous sirotions de la bière de riz à quelques pas de l'autel de sacrifice (VÉVÉ, rends-toi direct au paragraphe suivant) : 2 chiens (tête tranchée d'un coup à la machette), 7 porcs (d'abord une flèche, puis un long pic de bambou dans le ventre), 1 vache (à la hache), 12 poulets (saignés au couteau), 2 chèvres (je sais plus comment). J'ai chanté très, très fort dans ma tête pour ne pas entendre les porcs hurler. Et quand le vieux qui incarnait le démon du sanglier s'est approché de moi en léchouillant des abats de poulet avant de me les tendre, je me suis dit : « Au diable l'ouverture d'esprit et l'acceptation des différence culturelles, pas question que je bouffe son foie de volaille!! ». J'ai souri, bêtement, et tout le monde s'est foutu de moi. Ouf!
Au premier plan, le demon du sanglier - avouez qu'il fait peur!

Gastronomie Apatani. Les Apatanis, dans la région de Ziro, ont des idées bizarres. Pour éviter de se faire voler leurs femmes, jugées splendides, ils avaient l'habitude de les défigurer en les tatouant et en leur fourrant des gros bouchons de bambou dans les narines. Côté gastronomie, ce n'est pas moins étrange. D'accord, c'est santé : aucune matière grasse ajouté, tout est bouilli ou cuit à la vapeur. Comme ce Bamboo Chicken (sûrement pas le nom traditionnel, mais celui qu'on nous a donné) : un mélange de poulet et de blanc d’œuf, farci dans un tronçon de bambou et cuit directement dans le feu. Apétissant, et chaque bouchée est une surprise (d'autant qu'on n'y voit rien, près du feu) : oh, un bout d'os!; oh, un super cube de viande!; oh, un truc bizarre, comme prémâché...; oh, un gros bout de peau bien épaisse! Pour notre malheur, ils mangent aussi du porc et on se retrouve devant une assiette de riz, légumes bouillis et gros cubes de couenne de porc bouillis. Et comme on n'a qu'une cuillère, pas moyen de faire des tout petits morceaux à avaler sans mâcher; on est obligés de croquer. On a passé 2 jours en « homestay » dans une famille Apatani. Mais pourquoi on n'a pas prétendu être végétariens!!!
Une femme apatani

Et nous voici donc à Tezpur, en attente du départ. Fini l'Himalaya, l'AP, l'Inde et même le sous-continent indien, car nous avons pris la décision de ne pas aller au Bangladesh. Question de temps (pendant que nous traînons, la mousson approche de l'Asie du Sud-Est), de troubles politiques (les élections de janvier n'ont pas vraiment ramené le calme), mais aussi l'envie de passer à quelque chose de radicalement différent. Alors pour clore le chapitre de l'Inde, quelques points essentiels à souligner :

Les indians sweets : une véritable révélation pour Rodolphe. Comment se fait-il que nous ayons raté ça lors de nos précédents voyages??

Les Royal Enfield : ça coûte environ $3000 incluant l'immatriculation et l'assurance pour 1 an. Seul problème, ça ne s'exporte pas. On a rencontré un indien qui a comme projet de se rendre au Bhoutan au volant d'une de ces machines. Rodolphe rêve...
Vous saurez quoi lui offrir pour Noel

Les matelas : c'est la troisième fois qu'on vient en Inde, mais je n'avais pas le souvenir de matelas aussi durs. Le summum : lors de notre homestay apatani, une planche recouverte d'un tissu. Moumoune, me direz-vous, sauf que ça fait 4 mois que ça dure, parce que ce n'était pas mieux au Népal. Alors je le demande : à quand un vrai lit???

Pains, galettes, crêpes : chapatis, naan, missi roti, utapam, dosa, j'adore! Et dans ce pays de traditions, j'avoue que j'ai souvent des envies peu orthodoxes mais alléchantes : un naan au nutella parsemé de petits fruits rouges, une lacha paratha piquée de lardons et de gruyère. Ça va expérimenter dur au retour!

Mais peut-être que ça se trouve déjà à Bangkok – Rodolphe prétend que TOUT se trouve à Bangkok. C'est notre prochaine destination, notre seule escale en Thaïlande. Pas d'inquiétude : nous avons eu la confirmation d'amis de Rodolphe sur place, les manifestations ne sont pas aussi graves et violentes que les médias occidentaux les décrivent et a situation tendrait même à se calmer. Nous prenons l'avion le 20 février et y resterons une grosse semaine, le temps de gérer les visas pour la Birmanie où nous passerons tout le mois de mars. Et ça va peut-être paraître saugrenu, mais en partant pour Bangkok, on a presque l'impression de partir en vacances!

Autre chose : l'article de Rodolphe sur notre trek au Népal a été publié – voir ici.

Bises a tous!
Karine et Rodolphe